2013

Le dernier article

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L’article ci-dessous devait être le dernier de Critikale. Ayant besoin d’un refuge pour écrire et donner un peu de moi aux autres, le voici de retour.

Depuis presque 9 ans, j’écris un article sur ce blog au doux nom de Critikale (critiques de Alex). Il y a eu des coups de gueule bien sûr, des changements d’interface, je ne les compte plus, il y a eu de bons moments, des moments noirs aussi, surtout, dirons certains. Il faut que je sois sincère un seul instant peut-être pour fermer les portes de mon petit havre de paix, mon blog où je m’éclipsais pour me reposer, pour partager une vie qui m’a affaibli. À moi maintenant de remonter la pente, la descente est facile, escalader des montagnes pour vivre heureux est bien plus compliqué.

Alors voici le testament de Critikale

Je t’aime mon frère

Tu es pour moi un modèle de réussite. Même si tes différents emplois n’ont pas été glorieux comparés à ton intelligence. Tu es un peu mon idéal. Un mec marié, avec un bel enfant, une femme qui t’aime, un boulot certainement ingrat mais où ton caractère et ton énergie triomphent. Tu es mince, je suis enfle, tu as les yeux verts et des cheveux noirs, je suis chauve avec des yeux couleur vomi. Tu mesures plus d’un mètre 80, moi, avec mon 1,79 m, je suis comme un truc inachevé. Un truc laissé à l’abandon bien des années durant. Je naviguais tant bien que mal dans une vie que je n’ai jamais compris. Comme un souffle vidé d’oxygène. Tu as toujours été là pour moi, à ton niveau. Certes j’aurai aimé un frère plus proche de moi, qu’on ne grimace pas lorsqu’on s’embrasse, comme une vraie famille. Pendant longtemps nous nous sommes regardés comme des amis, certainement, j’ai toujours été jaloux de l’amitié si grande que tu partageais avec ton meilleur ami Vincent. J’ai toujours été jaloux de tes amis en fin de compte. Jaloux de cette complicité, de tes soirées potes et bières, de tes connaissances de tout, du monde, de chaque parcelle de la vie. Aux jeux intellectuels, tu me surpasses, en sport tu me dépasses, dans la vie de tous les jours aussi, je suis derrière, constamment effacé, en retrait. Comment pourrait-il en être autrement. Je t’aime mon frère, tu es mon modèle, un vrai mec, le mec que j’aurai aimé être et que je ne suis pas car je n’ai pas su, à un moment donné, être devant les autres.

Je t’aime maman

Toi qui m’a toujours dit que j’étais gros, que je n’étais pas intelligent, que je ne faisais rien à l’école, que j’étais enfle, que je n’étais pas comme mon frère. Je ne t’ai jamais appelé “maman”. C’est un terme péjoratif, littérallement, mais il est si doux. Et ton enfance fut si dure. Une chose est sûre, tu es la meilleure et même si nos engueulades à répétition, du temps où j’étais un sale môme, furent si pesantes pour moi et ma sociabilité, je reste certain que toi, de ton côté, tu as tellement souffert qu’il n’était pas possible d’éduquer tes enfants autrement. Je pense que je n’ai pas eu une enfance facile, je n’ai quasiment aucun souvenir, c’est comme si je m’étais réveillé lorsque j’avais 16 ans. J’aimerais te serrer fort contre moi lorsque je pleure tout seul dans mon lit vide ou lorsque je flatte mes boules de poils. Mais là encore, notre famille n’est pas comme ça, nous ne sommes pas une vraie famille car trop dispercés, il y a eu tellement de malheur, personne ne pourrait comprendre cette souffrance. Je t’aime ma maman, tu es jolie, jeune et d’un courage à toute épreuve, tu as une telle force et une telle tristesse en toi. Je serai toujours là, juste à côté, notre éducation a fait ce que je suis aujourd’hui, et malgré mon caractère, tout est façade pour ne pas me briser à chaque instant.

Je t’aime papa

Oui, tu nous as quitté mon frère et moi. Oui, je ne te le pardonnerai jamais car abandonner ainsi tes enfants, par un divorce, par la necessité de voir autre chose, tu as brisé mon enfance. Mais est-ce réellement ça ? Connais-tu les instants les plus beaux de ma vie, les connais-tu au moins ? As-tu suivi l’enfance de tes enfants ? Lorsque j’allais chez toi, lorsque nous jouiions ensemble sur Atari ST, à des jeux encore sur disquette(s), lorsque je te regardais avec des yeux brillants en te prenant pour Dieu. Ces moments là sont les plus précieux, que je garde à l’intérieur de mon coeur. Nos randonnées, ces molets énormes dont j’ai hérité, étaient merveilleuses. Bien sûr je gueulais, je pleurais comme un enfant qui ne voulait pas marcher à ce point. Mais je me souviens de chaque mètre, je me souviens des sacs à dos, de la pluie de Saint Christophe, de la montée du Chàtelleret, du refuge de la Pilatte. Je me souviens des côtes de porc à la braise, de la Bota avec Pierre. J’ai toujours un certain mot avec un tigre où était inscrit “sois fort mon fils” avec ton imprimante matricielle. Tous ces souvenirs sont ancrés en moi et ne partiront jamais. Nous nous comprenons pas mais je comprends ta vie, je comprends ce que tu as fait et enduré. Tout comme mon frère, tu es un modèle, certes il y a des points noirs mais là encore ton intelligence est grande et moi à côté, qui suis-je ?

Je t’aime ma petite sœur

Demi-soeur ou pas, tu fais parti de ma vie, tu es ma sœur et si dans notre existence, il n’est pas simple de nous voir, je pense à toi. Sois forte comme notre père nous le demande. La vie n’est pas dure, elle le devient si on ne fait rien pour qu’elle demeure simple.

Je vous aime mes amis

Vous qui me comprenez, mon petit comité. Vous avez la patience de me supporter, les mots qui me réconfortent, l’humour qui me fait rire, la vie qui me fait envie… Il n’est pas simple de me comprendre et croyez moi, je ferai tout pour vous, même si un de mes auteurs préférés, Jules Renard, dit “il n’y pas d’amis, il n’y a que des moments d’amitié”, je suis sûr que ces moments là peuvent durer aussi longtemps que possible dans mon cœur et dans le cœur de chacun. Et les instants d’amour, de partage, sont bien plus importants qu’une simple présence physique. Je vous aime mes amis, vous vous reconnaitrez, peut-être pas tous d’ailleurs…

Je t’aime Lili

Tu as décidé de vivre ta vie, de me quitter au moment le plus difficile de ma vie. Tu as fait ton choix, le bon je ne sais pas, mais un choix cela se respecte, sois en certaine. Maintenant et presque tous les jours, je pleure seul dans cet appartement qui devait être un renouveau pour notre couple. 8 ans de bonheur pour moi, 8 ans gâchés par cette non communication. Pour une jeune femme munie d’un BTS Communication, c’est bien triste. J’ai mal chaque jour en pensant aux erreurs passées, au fait que j’aurai pu largement te rendre heureuse. J’ai énormément souffert depuis le déménagement du Dauphiné, oui depuis tout ce temps. Je n’ai pas parlé, je n’ai rien dit à cause de mon orgueil. Je souffrais tellement de ces voisins, de ce bruit qui me cassait la tête et me brisait l’existence. J’ai mal agit, je ne voyais pas ta souffrance devant mon caractère de chien. Je ne pense pas être quelqu’un de mauvais, je ne suis que moi, un mec où l’enfance fut si difficile que je n’arrive pas à remonter la pente. Un psy m’as-tu demandé ? J’ai tenté, oui, mais il faut déjà que je parle avec ma famille et cet article, cet ultime article, est déjà un bon début même si l’écriture est facile. Les mots restent cependant. Je t’aime tellement, j’ai crû un long moment que tu serais de retour, que nous serions de plus en plus heureux avec nos discussions. Je n’ai jamais parlé, je n’ai jamais évoqué un seul instant mes craintes, mes peurs et mes blessures. Oui ma Lili, j’ai perdu ton amour, celui qui me donnait la force, qui me donnait envie de continuer dans un monde qui me fait peur. Tu seras certainement heureuse maintenant et moi, en essuyant ces dernières larmes, je vais enregistrer ce dernier article, attendu. Je n’espère plus te réconquérir un jour car je t’ai perdu depuis longtemps mais je suis sûr qu’il était facile de te rendre heureuse et que j’avais tout pour réussir, tout pour finir ma vie avec toi. Je t’aime ma Lili. ces semaines ont été les plus dures pour moi et nombreuses personnes pourront en témoigner. Aurevoir, et surtout, crois-moi, je ne suis pas un mauvais homme, on ne m’a peut-être pas éduqué pour communiquer. Pardonnes-moi, je suis tellement triste sans toi.

Aurevoir à tous. Critikale ferme ses portes.

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